😜 Quelques trucs que j’ignorais sur Internet et mon ordinateur (avant de m’y intĂ©resser
)

N.B: Ceci est un article retravaillĂ© de l’article initial, rĂ©digĂ© par l’auteur et comĂ©dien Pouhiou sur Framablog (sous licence Creative Commons 0).


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1) Tu ne consultes pas une page Internet, tu la copies


Un site web, c’est pas une espĂšce de journal qu’on aurait mis dans le pays magique d’internet pour que ton navigateur aille le consulter comme tu consulterais le quotidien de ton jour de naissance Ă  la mĂ©diathĂšque du coin. Pour voir une page web, ton navigateur la copie sur ton ordi. Les textes, les images, les sons : tout ce que tu vois ou entends sur ton Ă©cran a Ă©tĂ© copiĂ© sur ton ordinateur (vilain pirate !). Un ordinateur est un photocopieur dont la trieuse serait une mĂ©ga fourmiliĂšre qui peut faire plein de trucs. La bonne nouvelle, c’est que copier permet de multiplier, que ça ne vole rien Ă  personne, parce que si je te copie un fichier tu l’as toujours.

 

2) Mon navigateur web ne cuisine pas la mĂȘme page web que le tien.

SĂ©rieux, imagine qu’une page web, c’est une recette de cuisine :

Mettez un titre en gros, en gris et en gras.

RĂ©duisez l’image afin qu’elle fasse un quart de la colonne d’affichage, rĂ©servez.

Placez le texte, agrĂ©mentĂ© d’une jolie police, alignĂ© Ă  gauche, puis l’image Ă  droite.

Servez chaud.

Le navigateur web (Firefox, Chrome, Safari, Internet Explorer
), c’est le cuisinier. Il va tĂ©lĂ©charger les ingrĂ©dients, et suivre la recette. T’as dĂ©jĂ  vu quand on donne la mĂȘme recette avec les mĂȘmes ingrĂ©dients Ă  4 cuisiniers diffĂ©rents ? Ben ouais, c’est comme dans Top Chef, ça fait 4 plats qui sont pas vraiment pareils. Surtout quand les assiettes ne sont pas de la mĂȘme taille (genre l’écran de ton tĂ©lĂ©phone et celui de ton ordi
) et que pour cuire l’un utilise le four et l’autre un micro-ondes (je te laisse trouver une correspondance mĂ©taphorique dans ton esprit, tu peux y arriver, je crois en toi :p !). Bref : l’article que tu lis aura peu de chance d’avoir la mĂȘme gueule pour toi et la personne Ă  qui tu le feras passer 😉

  • PrĂ©fĂšre Firefox si t’as pas envie de filer tes donnĂ©es Ă  Google-Chrome, Apple-Safari ou Microsoft-Edge
  • Ou sinon Chromium c’est Chrome sans du Google dedans 😉

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3) Le streaming n’existe pas

Nope. Le streaming, c’est du tĂ©lĂ©chargement qui s’efface au fur et Ă  mesure. Parce qu’un ordinateur est une machine Ă  copier. Le streaming, c’est du tĂ©lĂ©chargement que tu ne peux (ou ne sais) pas rĂ©cupĂ©rer, donc tu downloades une vidĂ©o ou un son mais juste pour une seule fois, et si tu veux en profiter Ă  nouveau, il faut encore les tĂ©lĂ©charger et donc encombrer les tuyaux d’internet. Tu vois les prĂ©cieux mĂ©gas du forfait data de ton tĂ©lĂ©phone qui te ruinent chaque mois ? Ce sont des textes, images sons, vidĂ©os et informations qui viennent jusqu’à ton ordi (ordinateur ou ordiphone, hein, c’est pareil). La taille de ces mĂ©gas, c’est un peu les litres d’eau que tu rĂ©cupĂšres au robinet d’internet. Regarder ou Ă©couter deux fois le mĂȘme truc en streaming, sur YouTube ou Soundcloud par exemple, c’est comme si tu prenais deux fois le mĂȘme verre d’eau au robinet.

 

4) Quand tu regardes une page web, elle te regarde aussi.

Mon livre ne me dit pas de le sortir du tiroir de la table de nuit. Il ne sait pas oĂč je suis lorsque je le lis, quand je m’arrĂȘte, quand je saute des pages ni vers quel chapitre, quand je le quitte et si c’est pour aller lire un autre livre. Sur Internet, les tuyaux vont dans les deux sens. Une page web sait dĂ©jĂ  plein de choses sur toi juste lorsque tu cliques dessus et la vois s’afficher. Elle sait oĂč tu te trouves, parce qu’elle connaĂźt l’adresse de la box internet Ă  laquelle tu t’es connectĂ©. Elle sait combien de temps tu restes. Quand est-ce que tu cliques sur une autre page du mĂȘme site. Quand et oĂč tu t’en vas.

Netflix, par exemple, est une application web, donc un site web hyper complexe, genre QI d’intello plus plus plus. Netflix sait quel type de film tu prĂ©fĂšres voir lors de tes soirĂ©es d’insomnie. À partir de quel Ă©pisode tu accroches vraiment Ă  la saison d’une sĂ©rie. Ils doivent mĂȘme pouvoir dĂ©terminer quand tu fais ta pause pipi ! Ouaip : Internet te regarde juste pour pouvoir fonctionner, et souvent plus. Ne t’y trompe pas : il prend des notes sur toi.

 

5) Pas besoin d’un compte Facebook/Google/etc pour qu’ils aient un dossier sur toi.


Si Internet peut te regarder, ceux qui y gagnent le plus d’argent ont les moyens d’en profiter (logique : ils peuvent se payer les meilleurs spĂ©cialistes !). Tu vois le petit bouton « like » (ou « tweet » ou « +1 » ou
) sur tous les articles web que tu lis ? Ces petits boutons sont des espions, des trous de serrures. Ils donnent Ă  Facebook (ou Twitter ou Google ou
) toutes les infos sur toi dont on parlait juste au dessus. Si tu n’as pas de compte, qu’ils n’ont pas ton nom, ils mettront cela sur l’adresse de ta machine. Le pire, c’est que cela fonctionne aussi avec des choses que tu vois moins (les polices d’écriture fournies par Google et trĂšs utilisĂ©es par les sites, les framework javascript, les vidĂ©os YouTube incrustĂ©es sur un blog
). Une immense majoritĂ© de sites utilisent aussi « Google Analytics » pour analyser tes comportements et mieux savoir quelles pages web marchent bien et comment. Mais du coup, ces infos ne sont pas donnĂ©es qu’à la personne qui a fait le site web : Google les rĂ©cupĂšre au passage. LĂ  oĂč ça devient marrant, c’est quand on se demande qui dĂ©cide qu’un site marche « bien » ? C’est quoi ce « bien » ? C’est bien pour qui
 ? Oui : avec le blog rank comme avec la YouTube money, Google dĂ©cide souvent de comment nous devons crĂ©er nos contenus.

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6) Un email est une carte postale

On a tendance Ă  comparer les emails (et les SMS) Ă  des lettres, le truc sous enveloppe. Sauf que non : c’est une carte postale. Tout le monde (la poste, le centre de tri, ceux qui gĂšrent le train ou l’avion, l’autre centre de tri, le facteur
), tous ces gens peuvent lire ton message. J’ai mĂȘme des pros qui me disent que c’est carrĂ©ment un poster affichĂ© sur tous les murs de ces intermĂ©diaires, puisque pour transiter par leurs ordis, ton email se
 copie. Oui, mĂȘme si c’est une photo de tes parties intimes
 Si tu veux une enveloppe, il faut chiffrer tes emails (ou tes sms).

Gamin, j’adorais dĂ©chiffrer les messages codĂ©s dans la page jeux du journal de Mickey. Y’avait une phrase faite d’étoiles, carrĂ©s, et autre symboles, et je devais deviner que l’étoile c’est la lettre A, le cƓur la lettre B, etc. Lorsque j’avais trouvĂ© toutes les correspondances c’était le sĂ©same magique : j’avais trouvĂ© la clĂ© pour dĂ©chiffrer la phrase dans la mystĂ©rieuse bulle de Mickey. Imagine la mĂȘme chose version calculatrice boostĂ©e aux amphĂštes. C’est ça, le chiffrement. Une petit logiciel prend ton email/SMS, applique la clĂ© des correspondances bizarres pour le chiffrer en un brouillard de symboles, et l’envoie Ă  ton pote. Comme vos logiciels se sont dĂ©jĂ  Ă©changĂ© les clĂ©s, ton pote peut le dĂ©chiffrer. Mais comme il est le seul Ă  avoir la clĂ©, lui seul peut le dĂ©chiffrer. Ben ça, ça te fait une enveloppe en plomb que mĂȘme le regard laser de Superman il peut pas passer au travers pour lire ta lettre.

 

7) Le cloud, c’est l’ordinateur d’un autre.


Mettre sur le cloud ses fichiers (icloud), ses emails (gmail), ses outils (Office365)
 c’est les mettre sur l’ordinateur d’Apple, de Google, de Microsoft.

Alors OK, on parle pas d’un petit PC qui prend la poussiĂšre, hein. On parle d’une grosse ferme de serveurs, de milliers d’ordinateurs qui chauffent tellement que des climatiseurs tournent Ă  fond. Mais c’est le mĂȘme principe : un serveur, c’est un ordinateur-serviteur en mode Igor, qui est tout le temps allumĂ©, qu’on a enchaĂźnĂ© au plus gros tuyau internet possible. DĂšs qu’on lui demande une page web, un fichier, un email, une application
 on le fouette et il doit rĂ©pondre au plus vite « Ouiiiiii, Mestre ! » Tout le truc est de savoir si tu fais confiance aux Igors de savants fous dont le but est de devenir les plus riches et les maĂźtres du monde, ou au petit Igor du gentil nerd du coin
 Voire si tu te paierais pas le luxe d’avoir ton propre Igor, ton propre serveur Ă  la maison.

cloud

 

8) Facebook est plus fort que ma volonté.


Ouais, je suis faible. J’ai, encore aujourd’hui, le rĂ©flexe « je clique sur Facebook entre deux trucs Ă  faire ». Ou Twitter. Ou Tumblr. Ou l’autre truc Ă  la con, OSEF, c’est pareil. Cinq minutes plus tard, je finis dans Ă©tat de semi zombie, Ă  scroller de la mollette en voyant mon mur dĂ©filer des informations devant mes yeux hypnotisĂ©s. Je finis par faire ce qu’on attend de moi : cliquer sur un titre putassier, liker, retwetter une notification et rĂ©pondre Ă  des trucs dont je n’aurais rien Ă  foutre si une vague connaissance venait m’en parler dans un bar. Ce n’est pas que je manque de volonté : c’est juste que Facebook (et ses collĂšgues de bureau) m’ont bien Ă©tudiĂ©. Enfin, ils ont plus Ă©tudiĂ© l’humain que moi, mais pas de bol : j’en fais partie. Du coup ils ont construit leurs sites, leurs applications, etc. de façon Ă  me piĂ©ger, Ă  ce que je reste lĂ  (afin de bouffer leur pub), et Ă  ce que j’y retourne.

Ces techniques de design qui hackent notre esprit (genre le « scroll infini », le « bandit manchot des notifications » et les « titres clickbait » dont je parle juste au dessus) sont volontaires, Ă©tudiĂ©es et documentĂ©es. Elles utilisent simplement des failles de notre esprit (subconscient, inconscient, biais cognitifs
 je laisse les scientifiques dĂ©finir tout cela) qui court-circuitent nos volontĂ©s. Ce n’est pas en croyant qu’on est maĂźtre de soi-mĂȘme qu’on l’est vraiment. C’est souvent le contraire : le code fait la loi jusque dans nos esprits. Bref, je suis faible, parce que je suis humain, et donc je suis pas le seul. Et ça, les gĂ©ants du web l’ont bien compris.

 

9) Internet est ce que j’en ferai


Si je veux voir d’autres choses dans ma vie numĂ©rique, j’ai le choix : attendre que les autres le fassent jusqu’à ce que des toiles d’araignĂ©es collent mes phalanges aux touches de mon clavier, en mode squelette
 ou bien je peux bouger mes doigts.

Alors ouais, j’ai pas appris Ă  conduire en vingt heures de cours, j’ai ratĂ© plein de gĂąteaux avant de m’acheter les bons ustensiles et la premiĂšre Ă©charpe que j’ai faite avait pleins de trous. Mais aujourd’hui, je sais conduire, faire des pĂątisseries pas dĂ©gueu et mĂȘme me tricoter un pull. Ben crĂ©er et diffuser des contenus sur Internet, c’est pareil, ça s’apprend. On trouve mĂȘme facilement les infos et les outils sur Internet (dont des cours de tricot !). Une fois qu’on sait, on peut proposer autre chose : c’est la mode des articles courts, creux et aux titres putassiers ? Tiens, et si je gardais le coup du titre pour faire un top, mais cette fois-ci dans un article blog long, dense, et condensant une tonne de sujets Ă©pars
 ?

Oh, wait.

Animals_-_to_the_internet

 

10) C’est pas la fin du monde, juste le dĂ©but.

Quand on voit Ă  quel point on a perdu la maĂźtrise de l’informatique, de nos vies numĂ©riques, de notre capacitĂ© Ă  simplement imaginer comment on pourrait faire autrement
 y’a de quoi dĂ©primer. Mais avant que tu demandes Ă  ce qu’on t’apporte une corde, une pierre et une riviĂšre, regarde juste un truc : le numĂ©rique est une rĂ©volution toute jeune dans notre Histoire. C’est comme quand tu dĂ©couvres le chocolat, le maquillage, ou une fucking nouvelle sĂ©rie qui dĂ©boĂźte : tu t’en fous plein la gueule.

SociĂ©talement, on vient de se gaver d’ordinateurs (jusqu’à en mettre dans nos poches, ouais, de vrais ordis avec option tĂ©lĂ©phone !) et de numĂ©rique, et lĂ  les plus gros marchands de chocolat/maquillage/sĂ©ries se sont gavĂ©s sur notre dos en nous fourguant un truc sucrĂ©, gras et qui nous laisse parfois l’estomac au bord des lĂšvres. Mais on commence tout juste, et il est encore temps d’apprendre Ă  devenir gourmet, Ă  savoir se maquiller avec finesse, et mĂȘme Ă  Ă©crire une fan fiction autour de cette nouvelle sĂ©rie. Il est temps de revenir vers une informatique-amie, Ă  Ă©chelle humaine, vers un outil que l’on maĂźtrise nous ! (et pas l’inverse, parce que moi j’aime pas que mon lave-linge me donne des ordres, nanmĂ©ho !)

Des gens plus intelligents et spĂ©cialistes que moi m’ont dit qu’avec le trio « logiciel libres + chiffrement + services dĂ©centralisĂ©s », on tenait une bonne piste. J’ai tendance Ă  les croire, et si ça te botte, tu peux venir explorer cette voie avec nous. Cela ne nous empĂȘchera pas d’en cheminer d’autres, ensemble et en mĂȘme temps, car nous avons un vaste territoire Ă  dĂ©couvrir.

 

Alors, t’es prĂȘt pour la terra incognita ?

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